Pendant mon Master 2 fait en sciences de l’information et de la communication, j’ai pu étudier un corpus d’images liées à la construction européenne. Ce corpus est composé d’images issues d’archives INA de la chaîne ARTE. Le but : étudier les images où des présidents français apparaissent pour savoir quelles images resteront dans l’Histoire. Toutes les images étudiées sont des images de stock. Elles sont là pour illustrer. Ces images ne sont pas utilisées comme des images de reportage prises en direct. Ce sont des images qui sont réutilisées dans plusieurs contextes. Voici un article qui résume les résultats de cette enquête.
Le corpus d’images lié à la construction européenne
Le corpus d’images est un regroupement d’archives INA. Il concerne uniquement les images liées à la construction européenne. Les images sont analysées dans ce contexte.
Ici, les images concernent les images d’ARTE où un président de la République apparait.
Quelles sont les images historiques ?
Les images historiques sont les archives récurrentes où des présidents sont visibles. Elles sont utilisées comme des rappels à l’Histoire. Avec, par exemple, les signatures des traités. Les signatures qui reviennent le plus : traité de Maastricht, traité de Nice et traité de l’Élysée. Devinez combien de femmes apparaissent dans les images de ces signatures ? Une. Une seule femme. Toutes les autres personnes sont des hommes, incluant les personnes signant les traités et les personnes les entourant.
La seule femme présente est derrière les signataires du traité de Maastricht. Cela veut dire que ces moments importants ponctuant la vie de l’Europe et ramenés à nos mémoires sont masculins. Dans la mémoire collective, ce sont ces images qui resteront.
D’autres moments importants concernent tout ce qui est relatif à la Constitution Européenne. Ce sont des images fortes qui sont elles déjà bien entrées dans la mémoire collective. Celles-ci sont aussi exclusivement masculines. Il n’y a que des hommes sur ces images. La seule femme présente est en second plan, la tête coupée du cadre.
Dans la mémoire collective, l’Europe s’est construite au masculin.
Les moments forts : l’élargissement de l’Union européenne
En plus de toutes ces signatures, l’élargissement de l’Union Européenne fait à chaque fois de nouveaux moments importants. Il s’agit d’images souvent utilisées pour illustrer et rappeler des moments de l’histoire européenne. Comme pour les traités, les signataires sont des hommes, entourés d’hommes.
Deux femmes sont néanmoins présentes dans les images les plus récentes, dont une près des signataires. Le cadre coupe la deuxième femme. Dans les deux cas, les femmes ne sont pas présentées en position de pouvoir, contrairement aux personnes signant.
Ce qui restera dans l’Histoire de la construction européenne : des hommes
Finalement, des moments décisifs avec des décisions menées par des hommes resteront dans nos mémoires collectives. Les femmes sont quasiment invisibles de toutes les images. Les hommes continuent de prendre les décisions, en tout cas médiatiquement.
Or, ici, notre corpus ne parle pas de reportages diffusés pour des événements particuliers, mais d’images d’archives et illustratives reprises pour de multiples occasions. Il est donc important de mettre le doigt sur cette différence entre présence des femmes et présence des hommes qui ne semblent pas évoluer.
Elles évoluent dans le sens où les femmes sont présentes, elles existent, à de hauts postes. Mais, les femmes sont illustrées comme impuissantes face aux hommes. Pour les téléspectateurs, la vie politique européenne est masculine. Donc, ce qui restera de cette dernière sera aussi masculin.